Jérôme Revel

clown • actor • model • performer

Biography

Il y a des années de cela, juste après l’avènement des hippies, naquit Jérôme Revel dans un coin paumé de Normandie. Il passa une enfance solitaire à Val-de-Reuil, petite ville entourée d’usines pharmaceutiques et de témoins de Jéhovah.
Quand il était petit, il attendait patiemment la fête foraine annuelle pour aider les forains à installer leurs manèges. Fasciné par les cirques, il tentait par tous les moyens d’entrer sous leurs chapiteaux. Et pour ne pas payer son ticket, il n’hésitait pas à se glisser parmi d’honnêtes familles en se faisant passer pour leur fils. Car si Jérôme, à l’âge de huit ans, était déjà roublard, il n’en était pas moins un sacré comédien ! Quelquefois, il fuguait de l’école pour arpenter les rues. Il imaginait quelle vie trépidante il aurait plus tard et se rêvait DJ, marin ou pompier.
Mais le temps passa et il fut bientôt en âge de gagner sa vie. Un après midi pluvieux d’automne, il envoya une lettre débordante de motivation à l’une des compagnies pharmaceutiques qui avait élu domicile près de chez lui. Cette dernière eut l’amabilité de lui offrir en retour un CDI. Seulement voilà : au bout de quinze ans, il avait beau gagner pas mal d’argent, un trou normand existentiel menaçait de l’engloutir dans les méandres de l’insatisfaction.
C’est alors qu’il se rongeait les ongles en ronchonnant quelques mots bien sentis à l’intention de ce foutu destin qu’il rencontra le Théâtre des Chalands! Il y découvrit un atelier d’improvisation théâtrale, mené par un québécois du nom de Martin James Vanasse. Pourquoi diable un québécois avait atterri dans ce coin paumé de Normandie, nul ne le sait… Mais il est certain que cette heureuse rencontre permit à Jérôme de comprendre que sa vie n’était pas condamnée à l’ennui.

Adieu Calva, adieu cirrhose du foie ! Enfin, il avait des projets exaltants qui nourrissaient son âme ! Sans plus tarder, Jérôme Revel s’engagea dans la création de la GIFLE (une ligue d’improvisation), ainsi que de la Compagnie de la Pleine Lune. ( grâce à qui il participa à une tournée d’improvisation au Québec, où il ne fut pas peu fier de représenter la Normandie !) Dès lors, Jérôme Revel, pour soulager sa grande soif artistique, entreprit de collaborer avec divers artistes : la Cie Arche en Scène, les Brailleurs du Val, la Cie Equilibro et bien d’autres…

Mais c’est en l’an 2000, l’année de tous les possibles, qu’eut lieu la véritable révélation : Jérôme participa à son premier stage de clown. Le lundi suivant, lorsqu’il retourna au travail, quelque chose avait changé. La nuit, lorsque tout le monde dormait, Jérôme continuait de chercher ce clown qu’il avait furtivement touché du doigt. Et le voilà qui était tiraillé par cette envie furieuse de se tartiner la gueule en blanc, de grimacer, de mettre des vêtements dépareillés.
Plus de doute à avoir : l’heure de la reconversion professionnelle avait sonné ! Il s’en alla faire un tour à Paris pour rejoindre l’école de théâtre « Côté Cours ». Puis, en 2011, il plongea à corps perdu dans la formation de clown professionnel au Théâtre-École Le Samovar de Bagnolet.
Des figures incontournables du clown contemporain l’aidèrent à poursuivre sa quête, tels que Franck Dinet, Yvo Mentens, Alexandre Pavlata, Tom Roos, Hélène Gustin, Philppe Dormoy et bien d’autres…
Au bout de deux ans, le destin, bien qu’il donna quelques sueurs froides à son conseiller pôle emploi, lui offrit soudain l’occasion de sauter le pas. Des suppressions de postes étaient annoncées !
Ni une, ni deux, Jérôme annonça à son père qu’il allait perdre son emploi pour devenir clown.
( Ce dernier lui répondit avec consternation : c’est pas drôle ! )
Bien décidé à développer l’art clownesque dans son coin paumé de Normandie, Jérôme Revel rejoignit alors Patrick Verschueren à la Factorie-Maison de poésie de Normandie. ( Endroit bucolique entouré d’arbres et de verdure, infesté de poètes, musiciens et hippies qui aiment y déclamer de la prose sous la pluie. )

En 2015, suite au séisme qui se produisit au Népal, il informe son clown et son sac à dos d’un départ imminent. Les voilà partit à la rencontre des enfants népalais et cette expérience mériterait un livre entier. Car derrière son œil de verre, se cache un grand cœur d’artichaut, animé par cette folle envie d’apaiser la détresse grâce à des sourires. De retour en France, Jérôme et son clown parcourent les hôpitaux, à la rencontre des enfants, des personnes âgées. Ils interviennent aussi en hôpital psychiatrique et mènent toutes sortes d’actions avec les populations fragilisées.

Depuis 2017, Jérôme est co-directeur de la Factorie, un poste qui demande beaucoup de rigueur et pas mal d’autorité. Il doit, entre autre, discipliner les poètes qui se laissent parfois disperser par la fougue de leur créativité. Son subconscient trouve là de nombreuses occasions de travailler son clown blanc. ( Car si Jérôme Revel, comme tout bon normand, est un râleur pathologique, son autorité, souvent défaillante, en fait glousser plus d’un…)
Jérôme est par ailleurs pédagogue. Il anime à la Factorie des ateliers de clown pour petits et grands. Mais attention ! Jérôme n’est pas que clown, co-directeur et pédagogue. Il est aussi comédien. Il joue dans un spectacle jeune public clownesque et poétique «  Tête en l’Air et Maman Lampadaire » écrit par Céline Gouel et mis en scène par Patrick Verschueren. Depuis 2017, il travaille également avec la Mariebell Compagnie pour le spectacle Le Vibratoire, en si bémol majeur, écrit par Julie Cayeux et mis en scène par Guillaume Thiery. (C’est une compagnie méconnue, mais Jérôme Revel, qui n’a peur de rien, est un artiste engagé dans les causes perdues. C’est pourquoi il a confié sa biographie à cette foutue Julie)
Enfin, il est à noter que Jérôme a la fâcheuse manie de se déshabiller dès qu’il en a l’occasion. Cela lui a permis de développer un travail de modèle et de « performer » très influencé par le nudisme. Il a notamment pratiqué la métamorphose reptilienne avec Faustine Bérardo et son collectif La Nébuleuse d’Hima. Depuis plusieurs années, il collabore avec le photographe Olivier Bonnet autour d’un personnage excentrique, blanc et nu. De ces performances visuelles naissent une série de photographies et une création de spectacle, actuellement en cours, verra le jour en 2019. Autant vous dire que les fesses maigrichonnes de Jérôme Revel, sublimées par ce talentueux photographe, ont marqués à jamais la Normandie qui attend avec impatience une exposition à New York.
Bien sûr, il est bien difficile de résumer toute une vie en quelques mots. Ce qui est certain, c’est que Jérôme Revel, qui maîtrise aussi bien l’anglais que le patois normand, continue à se rêver l’avenir, ici et là. Car comme l’a si bien dit ce vieux punk de Joe Strummer :

Chaque seconde devrait conduire à la suivante…

Texte Julie Cayeux